Proposer un petit port où venir reposer son embarcation, le voilier de ses enthousiasmes et de ses troubles ; un port où venir à la force du vent, des courants ou des bras. Ici les moteurs sont interdits. On les laisse sur le pas de la porte pour faire un pas de retrait et quelques pas de danse.
Être un lieu d’où l’on repart difficilement, toujours les cales pleines d’idées, d’envies, de douceur, d’incertitudes fondamentales, de notes à compléter, de paroles et de silences à infuser.
Le mot portugais désignant les bouquineries est une merveille ayant voyagé bien des espaces et des temps : alfarrabista. Il étire son origine depuis Al Farabi, un penseur pluriel né à la fin du IXème siècle, en Asie Centrale. Il savait lire le grec, le perse, l’arabe, le sogdien (la langue de Damas, où il est mort en 950-951). Ses intérêts souriaient (cet homme était un philosophe du bonheur) de l’astronomie à l’éthique, en passant par la musique et la théologie. Sans se gargariser avec cette notion, il était aussi un philosophe de la tolérance.
Nous ravit l’idée qu’il y ait un alfarrabista à la rue des Chavannes, alors si vos déambulations vous emmènent jusqu’à Neuchâtel, passez nous dire bonjour ; il y aura assurément une théière pour vous accueillir, et quelques paragraphes à découvrir ensemble.
Karim Karkeni
Photos: Nathalie Ljuslin